Écrire le terrain en Asie du Sud : vers un « tournant alternatif » ?

Date limite : 1er mars 2024

La Revue interdisciplinaire sur l’Asie du Sud (RIAS) lance un appel à contributions pour un numéro thématique sur Écrire le terrain en Asie du Sud : vers un « tournant alternatif ».

Les propositions d’articles (d’un volume de 250 mots environ) pour ce numéro devront être soumises avant le 1er mars 2024 à rias@uqam.ca. Une réponse sera envoyée par le comité éditorial sous une quinzaine de jours.

Les articles sont attendus pour le 15 novembre 2024.
Les normes de présentation des articles sont disponibles sur le site de la RIAS : https://edition.uqam.ca/rias/about/submissions.
La soumission des articles doit également être effectuée à partir de ce même URL.
Pour toute information supplémentaire, contactez rias@uqam.ca.

Résumé

Le champ des écritures alternatives de la recherche constitue aujourd’hui un champ de réflexion en plein expansion, qui interroge tant la transmission du savoir que sa production. De fait, en sciences humaines et sociales en particulier, la mobilisation croissante de modalités alternatives dans la transmission de la recherche à destination des chercheurs témoigne à la fois de l’émergence d’une réflexion globale d’ordre méthodologique – l’écriture scientifique ne serait plus un impensé, comme le suggéraient Le Bart et Mazel en 2021 – et d’une volonté des chercheurs, d’ordre pratique, d’explorer les possibilités offertes par l’image, la fiction, le récit de soi, le son, les nouvelles technologies, les humanités numériques, etc.

Les raisons de ce véritable changement de paradigme dans la transmission du savoir, de ce « tournant alternatif » de la recherche, sont diverses et amplement décrites dans quantité d’articles et d’ouvrages de référence abondant sur le marché de la méthodologie académique, sans parler des colloques, séminaires et enseignements de tous types. Il est intéressant de constater que les motivations des chercheurs à transmettre autrement varient en fonction des disciplines – certaines étant à l’évidence plus portées sur l’écriture, et donc plus fragilisées par ce type de débats pourtant essentiels ; certaines mobilisant presque historiquement des formats alternatifs, comme l’illustre par exemple, pour l’anthropologie, l’incontournable festival Jean Rouch. Le tournant alternatif dresse ainsi le procès de l’écriture scientifique en SHS : inaptitude de l’écriture en histoire, en anthropologie, en géographie ou en sociologie à saisir la complexité de l’expérience humaine; réticence à mobiliser le domaine des émotions, dont la pertinence dans les SHS fut pourtant abondamment décrite par l’« affective turn » dans différentes disciplines ; discrédit du positionnement réflexif du chercheur dans son rapport au terrain, quand la subjectivité apparait désormais comme un champ d’investigation fécond. De fait, nombre de travaux montrent à quel point les écritures alternatives permettent de mettre en lumière la complexité de la recherche comme pratique (qu’elle soit de terrain ou autre) tout autant que comme résultat.

Pour les sciences humaines et sociales, la question du terrain comme espace singulier et comme pratique mais aussi la question de sa nature infléchissent de façon significative celle des modalités de sa restitution : comment témoigner au mieux d’expériences de terrains complexes, singuliers ou difficiles ? Comment valoriser les interactions du chercheur, les ambiguïtés, l’hétérogénéité et la complexité (sociale, politique, culturelle) des terrains et de ses acteurs ? Comment contourner les questions de censure imposées par certains contextes politiques ? Comment, enfin, s’adresser à un public peu familier des particularités culturelles d’une expérience de terrain ?

Notons que les spécificités des aires culturelles restent peu abordées dans le champ de réflexion qui s’élabore autour des écritures alternatives, alors que se tissent entre les deux champs des interactions à l’évidence fécondes, du moins éclairantes : que dit des spécificités d’un terrain la mobilisation de modalités alternatives ? Au-delà même des disciplines, quels terrains, quelles recherches imposent ou encouragent les écritures alternatives, et pourquoi ? L’écriture alternative serait-elle une écriture « sous contrainte », imposée par certains contextes, et est-elle tributaire des spécificités du terrain ?

L’objet du numéro spécial est d’interroger le « tournant alternatif » des SHS au prisme des travaux sur l’Asie du Sud, d’en examiner les pratiques et les expérimentations dans les différentes disciplines, mais aussi les motivations qui les suscitent, les moyens et les possibilités qu’elles offrent. Quels types de modalités alternatives sont mobilisés et produits dans la recherche sur l’Asie du Sud, et à quelles fins ? Qu’apportent-elles aux chercheurs, aux lecteurs, aux acteurs du terrain ? Témoignent-elles ou non d’une spécificité (culturelle, sociale, religieuse, politique) du terrain sud-asiatique, imposant là une spécificité dans la restitution de la recherche ?

Il s’agit à la fois de présenter des travaux de recherche sous forme alternative (photo, vidéo, multimédia, etc.) et de lancer une réflexion sur la pertinence de ces restitutions alternatives dans le contexte de l’Asie du sud. Nous appelons donc des propositions de deux types : travaux de restitution alternatives sur des terrains sud-asiatiques, éventuellement commentés par les auteurs ; articles critiques interrogeant l’articulation entre écritures alternatives de la recherche et aires culturelles. Ces articles, d’une longueur de 8,000 mots maximum, pourront s’inscrire dans les axes suivants :

  • Terrains difficiles et écritures alternatives ;
  • Le chercheur et son expérience de terrain : qu’en-est-il de la subjectivité dans la restitution de la recherche ?
  • Terrain et émotions : comment témoigner de la dimension émotionnelle du terrain ?
  • Transmettre autrement : pourquoi ?
  • Transmettre autrement : comment ?
  • Récits de terrain composites : montages, collages, récits hybrides.
  • Art et écritures alternatives.

Pour consulter la version PDF de l’appel


Les coordinateurs de ce numéro, Anne Castaing et Tristan Bruslé, sont chercheurs au Centre d’Études Sud Asiatiques et Himalayennes (EHESS / CNRS).

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