«En classe!»: Comme à l’ONU

Le cours Simulation des Nations Unies vise à préparer les étudiants à la célèbre compétition onusienne.

Série En classe!
Une fois par mois, un journaliste d’Actualités UQAM redevient étudiant et s’immisce dans un cours offert par l’un des 40 départements et écoles de l’Université.

En ce mercredi soir de mars, ils sont 24 étudiants du baccalauréat en science politique ou en relations internationales et droit international (BRIDI) enfermés dans une salle du pavillon Hubert-Aquin. Leur mandat? Régler le sort du monde. Les étudiants, qui représentent les intérêts du Pakistan, de l’Afghanistan, de la Belgique, de l’Inde, de l’Irlande, de la Colombie, de l’Algérie, de la Russie et de la Tunisie, entre autres, sont réunis en assemblée. Ils sont concentrés et affichent un air sérieux.

Parmi les trois thèmes (topics) à l’agenda de ce soir: améliorer le sort des réfugiés en mettant sur pied des camps plus durables. Les étudiants devront proposer des solutions originales qu’ils présenteront sous forme de résolutions à adopter. «Nous effectuons une simulation d’une assemblée du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés», annonce le professeur Justin Massie (M.A. science politique, 2006), du Département de science politique, qui coanime le cours Simulation des Nations Unies avec Me Guillaume Cliche-Rivard (B.A. relations internationales et droit international, 2011; LL.B., 2014), chargé de cours au Département des sciences juridiques.

Alliant théorie et pratique, exposés magistraux, conférences, ateliers préparatoires, simulations et discussions, ce cours de la Faculté de science politique et de droit s’échelonne sur deux sessions. Seuls les meilleurs étudiants peuvent le suivre. Il permettra à ces derniers de mieux comprendre les enjeux majeurs du système international contemporain et des principes de droit international régissant l’action de l’ONU, de maîtriser l’art de la négociation diplomatique bilatérale et multilatérale, et de se préparer à la compétition National Model United Nations (NMUN). L’événement prestigieux rassemble chaque printemps plus de 5000 étudiants en provenance des cinq continents au siège social de l’ONU, à New York.

«Veuillez lever vos cartons!»

«Les délégués en faveur de cette motion, veuillez lever vos cartons maintenant!», commande en anglais Guillaume Cliche-Rivard. Les représentants agitent leurs cartons. Les enseignants, qui agissent à titre de présidents, veillent au bon fonctionnement de l’assemblée, déterminent le droit de parole, font voter les motions, les résolutions et les amendements tout en évaluant les étudiants et leurs travaux. Les règles sont strictes: on doit s’adresser à l’assemblée et rédiger uniquement dans la langue de Shakespeare. C’est la lingua franca de la compétition. «Ceci afin que personne ne se sente exclu de l’assemblée», précise Justin Massie. Ce sont aussi les enseignants qui ramènent les étudiants à l’ordre. «Delegates, vous devez observer le décorum», lance de temps à autre Guillaume Cliche-Rivard.

Aujourd’hui, c’est la première fois que les enseignants simulent une assemblée avec leurs étudiants sans intervenir en cours de route pour donner leurs commentaires. «Nous faisons moins de rétroaction qu’à l’habitude afin d’être le plus fidèles possible à l’exercice, explique le professeur Massie. Si les étudiants en ressentent le besoin, nous pouvons commenter leurs prestations individuellement après la séance.»

«La langue onusienne est sophistiquée et utilise un vocabulaire très précis, observe Guillaume Cliche-Rivard, un ancien participant de la NMUN (2011). Depuis quelques semaines déjà, les étudiants apprennent à se familiariser avec celle-ci. Il faut savoir livrer un discours à la fois convaincant et vibrant.»

L’art de débattre… et de convaincre

C’est le moment d’aller en caucus. Pour cela, un représentant de la Belgique a proposé une pause d’une heure, une motion votée et acceptée à l’unanimité. Les représentants se dispersent afin de former des comités et entamer les discussions. «Leur but est de former de nouveaux comités avec des représentants de pays avec lesquels ils ont des intérêts communs, en fonction des problématiques discutées en assemblée, explique Guillaume Cliche-Rivard. Ils devront s’entendre avec tous les représentants, puis rédiger des résolutions.»

Un groupe travaille sur une résolution visant à éviter le surpeuplement des camps de réfugiés. «Nous voulons mettre en place un système plus efficace de tri et d’évaluation des capacités, talents et professions des réfugiés afin de les intégrer plus rapidement au marché du travail local», explique le représentant de l’Afghanistan, Julien Rousseau. Un second comité discute d’un plan d’urbanisation. «Au lieu des traditionnelles tentes que l’on retrouve dans les camps, nous proposons de loger les réfugiés dans des conteneurs, résume Dorra Bannouri, représentante de la Chine. Nous travaillons également à l’intégration de ressources renouvelables comme les panneaux solaires pour le chauffage et l’électricité.» La représentante de la Colombie Marjolaine LaMontagne et son groupe travaillent sur des questions d’accès à l’alimentation, à l’eau potable et à des conditions de vie plus décentes.

Les quatre comités formés devront rédiger un document de travail (Working Paper) conforme en tout point à la procédure onusienne (choix de mots, présentation générale, etc.) et le soumettre d’abord aux présidents de l’assemblée qui devront l’analyser et l’accepter. Comme certains comités travaillent sur des objectifs similaires, les enseignants ont eu l’idée de jumeler deux groupes afin de complexifier l’exercice et de corser les discussions en vue de trouver un terrain d’entente. Les documents de travail acceptés, il est temps de passer en assemblée au vote des résolutions et des propositions d’amendements, s’il y a lieu. Les représentants regagnent leurs sièges.

Vers un 10e Outstanding Delegation?

Durant la compétition, chacune des délégations étudiantes représentera un pays membre de l’ONU. Cette année, la délégation uqamienne représentera les intérêts de l’Algérie (une délégation de l’École des sciences de la gestion, sous la supervision du chargé de cours Marc-André Dubuc, représentera pour sa part les intérêts de l’Allemagne). Depuis plusieurs semaines, les étudiants ont pour objectif de devenir des experts de la politique étrangère de leur pays. «Comme nous avons un budget limité, nous choisissons un pays en fonction de nos capacités, explique Justin Massie. Si nous représentions les États-Unis, par exemple, il faudrait envoyer une quarantaine d’étudiants.»

Ce sont les étudiants qui doivent financer leur participation au moyen d’une campagne de levée de fonds. En tout, 30 000 dollars doivent être amassés pour participer à l’événement. «Chaque participant a le devoir de mettre l’épaule à la roue», observe Guillaume Cliche-Rivard.

Une partie de la compétition se déroulera en petits comités représentant une organisation ou une institution spécialisée de l’ONU (Conseil des droits de l’homme, UNESCO, Programme des Nations Unies pour l’environnement, etc.). La délégation uqamienne est divisée en 12 comités et chacun d’entre eux est composé de deux étudiants. Les participants seront appelés à débattre d’enjeux importants au sein de leur comité respectif, et ce, en compagnie de représentants étudiants des quatre coins du monde.

Sur place, les enseignants auront pour tâche d’épauler les participants. «Nous sommes comme des entraîneurs: les étudiants pourront nous demander conseil, nous poser des questions, nous faire part de leurs inquiétudes, énumère Justin Massie. Nous ferons les briefings et les débriefings.» Les sessions de travail de la simulation sont en général très intenses: de 8 heures le matin à 23 heures le soir.

Faire partie de la délégation uqamienne vient avec son lot de pression puisque l’Université est championne de la NMUN. Depuis 2006, l’UQAM a en effet remporté à 9 reprises la plus haute distinction de la compétition, soit le Outstanding Delegation Award, en plus d’obtenir d’autres prix prestigieux, se classant du coup parmi les meilleures universités au monde. Les enseignants se disent confiants. «Les étudiants sont prêts, croient-ils. Le plus important est d’avoir du plaisir en participant à un tel événement.»

Avant-dernier cours avant le jour J, la simulation d’aujourd’hui se termine sous les applaudissements nourris des étudiants, qui ont voté à l’unanimité pour la fin de l’assemblée. «Excellent travail, délégués! Ce sont les résultats que l’on escomptait. Vous avez pu voter trois résolutions en très peu de temps. Le contenu était très intéressant», conclut Justin Massie.

Prêts pour la plus haute marche du podium?


Photos: Nathalie St-Pierre

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