Appel à contributions

11 septembre – Chili 1973-2013 – Quarante ans de luttes pour la démocratie

Date limite : 15 avril 2013 à 17h

Appel à contributions pour un colloque organisé à l’Université du Québec à Montréal les 12 et 13 septembre 2013, conjointement par le Centre d’études sur le droit international (CÉDIM) et le Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL).

Problématique

Il y a quarante ans, le 11 septembre 1973, les forces armées chiliennes – dirigées par le général Pinochet et soutenues par la bourgeoisie nationale et l’administration états-unienne – prenaient d’assaut La Moneda (siège du gouvernement), mettant ainsi un terme à l’une de plus importantes expériences de révolution démocratique de l’histoire.

Depuis ce jour, le peuple chilien n’a jamais cessé de lutter pour recouvrer ses libertés et institutions démocratiques, bafouées par les militaires puis « concédées » de manière limitative et conditionnelle par les élites politiques d’une « démocratie de basse intensité », criminalisant l’action collective et limitant à l’extrême la participation populaire.

Pour les tenants du consensus entre élites « modérées », revenir sur le passé serait une attitude passéiste, revancharde et dommageable pour la paix et la prospérité du pays, se présentant comme un modèle de réussite économique autant que de transition démocratique. Pourtant, comme l’a montré le printemps chilien (2011) – et les centaines des milliers de personnes ayant pris la rue, semaine après semaine, pendant plus de six mois, pour dénoncer la persistance d’institutions autoritaires malgré deux décennies de transition perpétuelle –, le régime post-dictatorial chilien est loin de représenter un modèle de démocratie pas plus que de réussite économique (dans la mesure où la croissance est fondée sur l’accroissement des inégalités).

Cependant, ce qui peut constituer un modèle ou une inspiration pour l’invention démocratique, ce sont les luttes de ceux qu’on accuse paradoxalement de menacer la « consolidation » par leurs revendications « irréalistes » et leur manque de respect envers les institutions « représentatives ».

Loin d’être passéiste, le retour sur les trajectoires d’une démocratie interrompue il y a quarante ans est ainsi une invitation à réfléchir sur le présent et l’avenir des luttes de ceux qui refusent d’être silenciés et relégués aux oubliettes de l’histoire. Il s’agit de réfléchir à la « démocratie à-venir » en interprétant ses défis contemporains à la lumière de tout le chemin parcouru jusqu’ici.

Le colloque que nous organisons pour commémorer ces Quarante ans de lutte pour la démocratie se divise en quatre parties :

La première, historique, prenant comme point de départ le coup d’état de 1973, cherche à identifier comment les diverses manifestations de la démocratie au Chili ont d’abord été anéanties par la dictature, puis remodelées, à plus long terme, autour d’une forme de démocratie restreinte, résultat d’une transition dans laquelle une grande partie des forces politiques jadis opposées à la dictature ont accepté le maintien des principes essentiels du nouveau modèle, tout en reniant les idéaux pour lesquels ils s’étaient battus durant l’Unité populaire

Une deuxième partie, davantage contemporaine, s’intéressant aux luttes actuelles pour la démocratisation. Commencées avec la défense des droits humains et les actions en justice contre les responsables des crimes sous la dictature, ces luttes se sont poursuivies  après 1990 à travers une série de mouvements sociaux et politiques, comme ceux des étudiants, des mapuches, des pobladores, des syndicats, ou ceux pour la défense de communautés locales contre des compagnies minières (Pascua Lama) ou d’hydroélectricité (HidroAysén), ou encore par diverses initiatives pour former une Assemblée constituante populaire. Combattus comme s’il s’agissait de menaces pour la démocratie, ces conflits se présentent comme les forces vives permettant de récupérer les fondements participatifs de la démocratie interrompue.

Ce qui nous conduit à la troisième partie, davantage théorique, qui nous invite à réfléchir sur les qualificatifs de la démocratie. Au-delà de l’opposition surfaite entre les formes représentatives et participatives de la démocratie moderne, il s’agira dans cette section de s’interroger sur les conceptions minimalistes de la légitimité politique à l’œuvre dans les formes contemporaines de la « démocratie de consensus » chilienne, interprétée par plusieurs comme une démocratie autoritaire, sous tutelle, de basse intensité, de marché, etc. En contre-point à cette limitation oligarchique de la démocratie, il s’agira également de réfléchir aux innovations démocratiques surgies des luttes et de l’imaginaire politique populaire.

La dernière partie traitera enfin des enjeux géopolitiques ainsi que ceux reliés au contexte international. Il s’agira alors de situer, d’une part, le Chili dans son rôle de laboratoire du néo-libéralisme, autant que d’axe international de la doctrine de la sécurité nationale et du terrorisme d’État, de même qu’en tant que paradigme d’une transition « démocratique » réussie. D’autre part, il s’agira d’aborder le double standard des puissances internationales, utilisant les principes des droits humains et le discours sur la gouvernance démocratique pour intervenir contre des régimes adverses, mais se montrant pour le moins tolérantes, voire complaisantes, au moment d’aborder des régimes « alliés », comme la dictature de Pinochet ou la démocratie sous tutelle qui s’en suivit.

Les propositions d’environ 300 mots doivent être envoyées, accompagnées d’un curriculum vitae, à Mia Laberge, coordonnatrice du Cédim, avant le 15 avril 2013, à l’adresse suivante : cedim@uqam.ca

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