Vous pensiez que les pays du G7 allaient sauver le monde en distribuant généreusement leurs vaccins contre la COVID-19 aux pays pauvres ?

Détrompez-vous.

La montagne a malheureusement accouché d’une souris. S’il y avait une question criante à l’ordre du jour des grandes puissances, c’était pourtant bien celle-là.

Réunis au Royaume-Uni le week-end dernier, les dirigeants des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie, de la France, du Royaume-Uni, du Japon et du Canada ont promis ensemble 1 milliard de doses pour les pays en voie de développement.

À première vue, le chiffre peut paraître impressionnant. Sauf que nous sommes près de 8 milliards d’humains sur Terre, et la majorité d’entre nous aura besoin de deux doses. C’est donc nettement insuffisant.

Le G7, qui compte pour environ le tiers du PIB mondial, s’attaque à une fraction beaucoup plus faible du problème mondial que son poids économique.

C’est d’autant plus décevant que les annonces qui ont émané du dernier sommet sont désespérément vagues. Ni le calendrier de livraison ni les modalités ne sont précisés. Et il y avait une agaçante odeur de recyclage dans les déclarations du week-end.

Prenons le Canada, qui a promis 100 millions de doses pour aider à l’effort de vaccination mondial. Du lot, 87 millions ne sont même pas des doses, mais bien de l’argent pour en acheter. Or, cet argent avait déjà été annoncé dans le cadre de l’Accélérateur ACT, une initiative internationale. Rien de nouveau sous le soleil.

Les 13 millions de doses supplémentaires ? Ce sont des vaccins que le Canada renonce à toucher par le mécanisme international COVAX. On parle davantage ici de décence élémentaire que de générosité. Sans compter que 13 millions de doses, c’est… très peu. Le Canada en recevra 9,5 millions cette semaine seulement !

Évidemment, il est difficile pour le Canada de promettre des doses quand il ne possède aucune capacité de fabrication. Sauf que le pays a commandé, par la voie d’ententes bilatérales, plus de doses par habitant que n’importe quel autre sur la planète.

Si Ottawa exerce toutes les clauses de ces ententes, les vaccins pourraient nous sortir par les oreilles dès le début de l’automne. Qu’en fera-t-on ? Le mystère reste entier.

Au-delà des doses et des dollars, d’immenses défis logistiques se dressent devant la vaccination mondiale. Comment les vaccins seront-ils livrés régulièrement dans tous les pays du globe alors qu’une grande proportion des avions commerciaux sont encore cloués au sol ?

Comment maintenir une chaîne de froid dans les régions reculées de l’Afrique subsaharienne ? Comment vaincre l’hésitation vaccinale dans les pays pauvres ? Où trouver les milliers de vaccinateurs nécessaires pour immuniser chaque humain du globe ?

Les membres du G7 sont restés désespérément muets sur ces questions.

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Pendant que les démocraties du G7 refusent de jouer leur rôle de leadership, deux pays qui ne sont pas des États de droit se sont rués dans la brèche : la Chine et la Russie.

Lundi, l’Institut d’études internationales de Montréal de l’UQAM recevait virtuellement Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales au sein de l’Economist Intelligence Unit.

Mme Demarais a rappelé à quel point Vladimir Poutine et Xi Jinping utilisent la « diplomatie de la vaccination » pour mousser leur visibilité sur la scène internationale et augmenter leur influence dans les pays en développement.

Une telle « générosité » n’est évidemment pas désintéressée.

Son organisme a documenté la façon dont la Russie, après avoir fourni à la Bolivie des vaccins contre la COVID-19, a entamé des pourparlers pour accéder à certaines ressources minières stratégiques du pays.

Concentrés sur la vaccination de leurs propres populations, le Canada et les autres pays riches tardent à jouer leur rôle sur la scène internationale. Un vide qui nuit à leurs propres aspirations et à l’équilibre mondial… et qui risque d’être jugé très durement par l’histoire si rien ne change.

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