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Les érables menacés par le réchauffement climatique

Sécheresses, feux et inondations vont modifier la forêt du Québec

Environ la moitié des érables à sucre du pays risque de se retrouver en dehors de ses conditions de croissance habituelles d’ici la fin du siècle à cause des changements climatiques, selon une étude qui sera présentée dans le cadre du congrès de l’ACFAS.
Environ la moitié des érables à sucre du pays risque de se retrouver en dehors de ses conditions de croissance habituelles d’ici la fin du siècle à cause des changements climatiques, selon une étude qui sera présentée dans le cadre du congrès de l’ACFAS. Photo d’archives


GATINEAU | ​ L’érable à sucre est menacé par le réchauffement climatique. L’emblème du pays risque de voir la moitié de son territoire changer complètement d’ici la fin du siècle, le forçant à s’adapter ou disparaître.

« Il faut anticiper beaucoup de mortalité d’arbres », souffle la chercheuse Isabelle Aubin au Centre de foresterie des Grands Lacs du Service canadien des forêts, qui présentera ses travaux au 87e congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) à Gatineau.

En se basant sur les émissions actuelles de carbone, elle a dressé un modèle du climat sur plus de 50 ans pour évaluer la vulnérabilité des forêts aux changements climatiques.

Menaces plus fréquentes

Sécheresses, feux de forêt et inondations seront, par exemple, des menaces plus fréquentes qui pèseront sur les arbres.

Elle prédit ainsi que la moitié des érables à sucre du Canada se retrouveront à l’extérieur de leur « niche climatique », soit dans des conditions où ils ne poussent pas actuellement.

L’érable sera aussi beaucoup plus susceptible de vivre des épisodes de sécheresse, lui ajoutant ainsi un stress supplémentaire.

Pour le bouleau jaune, une autre espèce répandue, c’est plus de 60 % du territoire qui sera transformé, dit-elle, ajoutant que cet arbre est aussi très vulnérable à la sécheresse.

5 km au nord

Le climat actuel devrait se déplacer de plus de 5 km au nord par année, évalue-t-elle. Une distance énorme pour des arbres.

Leur seule chance de survie est soit de s’adapter aux changements ou de migrer pour retrouver les conditions climatiques auxquelles ils sont habitués.

« Mais la vitesse des changements climatiques va excéder la capacité de migration de tous les arbres », prévient la chercheuse.

Même les arbres qui migrent bien, comme l’érable ou le peuplier, ont besoin de nombreuses années pour arriver à changer de territoire. Mais d’autres espèces, comme le chêne et le caryer, peinent à migrer.

Les arbres peuvent se déplacer en produisant des semences, qui dépendent des vents pour les transporter vers le nord.

Nos forêts ont déjà connu des migrations, pendant l’ère glaciaire, par exemple. Mais ces voyages s’étaient étalés sur des milliers d’années, contrairement à la vitesse fulgurante du réchauffement climatique, rappelle-t-elle.

D’ailleurs, un rapport d’Environnement Canada soulignait récemment que le pays se réchauffait deux fois plus vite que le reste de la planète.

Les changements climatiques et la dépression

Les changements climatiques que vivra le pays n’auront pas qu’un impact sur l’environnement et la santé physique, mais aussi sur la santé mentale, a plaidé mardi une chercheuse au congrès de l’ACFAS.

« Ça va être un problème de santé publique [...] Ça va affecter les personnes et toute la société dans son fonctionnement », tranche l’étudiante au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Christina Popescu.

Un deuil

« C’est la perte de l’environnement, donc un autre deuil à vivre », poursuit-elle, ajoutant que les changements climatiques seront sans doute à la source de dépressions ou de troubles anxieux.

Les conséquences du réchauffement climatique sur la santé physique sont bien connues.

Plusieurs maladies chroniques seront notamment exacerbées par les épisodes de chaleur accablante ou le smog. La maladie de Lyme et le virus du Nil occidental sont aussi des problèmes qui gagnent du terrain, transmis par des insectes favorisés par le climat plus chaud.

Mais il faudra bientôt se pencher sur l’impact qu’auront ces changements sur la santé mentale des Québécois, croit Mme Popescu.

Elle souligne d’ailleurs qu’aux États-Unis, l’American Psychological Association a sommé les psychologues de s’intéresser aux changements climatiques dans leur pratique et d’en parler à leurs patients.

L’effet des nouvelles

Mme Popescu compte maintenant étudier plus en profondeur comment les mauvaises nouvelles sur les changements climatiques et les catastrophes météorologiques affectent les gens.

Pour l’instant, la chercheuse s’est surtout attardée à la question d’un point de vue philosophique en faisant une revue de la littérature scientifique.

Elle a notamment tenté de comprendre pourquoi des personnes étaient climatosceptiques.

Selon elle, la raison qui peut pousser les individus à nier l’existence des changements climatiques encore de nos jours et à demeurer dans l’inaction est d’abord et avant tout liée à un sentiment d’impuissance et à l’angoisse de mourir.

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