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Retour sur la conférence diplomatique « Haïti : comment traduire en actes notre solidarité ? »

L’événement a eu lieu le 26 novembre 2021, 26 novembre 2021

L’enregistrement de la conférence est maintenant disponible!

Le 26 novembre 2021, dans le cadre de sa série annuelle des conférences diplomatiques, l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) a organisé un grand événement sur la situation actuelle en Haïti.

Intitulé « Haïti : comment traduire en actes notre solidarité ? », l’événement a eu lieu en format hybride. En plus de réunir plusieurs personnes à l’UQAM, dans la majestueuse salle des Boiseries, la conférence a rassemblé un large public, en ligne.

En première partie, Frantz Voltaire, diplômé de l’UQAM (M.A. science politique, 1976), historien et documentariste, s’est entretenu avec Bernard Derome, président de l’IEIM.

M. Voltaire a insisté sur le besoin d’aller « au-delà des clichés » lorsque l’on s’intéresse à Haïti. Il a aussi souligné l’importance de comprendre l’histoire longue du pays dans laquelle s’inscrit la situation actuelle – celle d’un pays au carrefour des intérêts géostratégiques des États-Unis, de la France et de la Chine.

Dans cette crise constitutionnelle profonde, a-t-il rappelé, certains gangs se sont consolidés, alors que les armes automatiques entrent et circulent sur le territoire.

M. Voltaire a aussi été interrogé par M. Derome sur « l’exode des cerveaux » qui mine le pays, « un phénomène comparable à ce qui se passe aux frontières de l’Europe, en Méditerranée » – et qui implique aussi des pays d’Amérique centrale et latine, comme le Brésil, le Chili et le Mexique.

En deuxième partie, la discussion a été animée par Martine St-Victor, directrice générale d’Edelman à Montréal et stratège en communication. Pour Rachèle Magloire, réalisatrice et productrice basée à Port-au-Prince, « la vie quotidienne est extrêmement difficile, chaotique ». Selon elle, les prises de position des acteurs extérieurs faussent la perception de ce qui se passe dans le pays.

Henri-Paul Normandin, ancien ambassadeur canadien en Haïti et fellow de l’IEIM, a secondé ses propos : les enjeux politiques, sécuritaires, les conditions de vie de la population sont liés les uns aux autres. Et ce dans un contexte d’« extrême faiblesse voire d’absence de l’État », où ce dernier est « remplacé par les mini-États que constituent les gangs ».

Que peuvent faire le Canada et la communauté internationale? Reconnaître d’abord, a rappelé Henri-Paul Normandin, que « les Haïtiens doivent élaborer des solutions politiques entre eux, à l’initiative de la société civile ». Ils peuvent « soutenir financièrement Haïti via la coopération internationale ». Le Canada est le 2e bailleur de fonds en Haïti.

Mais, a-t-il souligné, « pour que le Canada puisse aider à construire un État, encore faut-il qu’il y ait une volonté de construire un État ».

Sur ce point, Rachèle Magloire a souligné le manque de volonté politique et le manque de volonté de sécurisation des citoyens, par l’État et par la police. «Ce n’est pas un problème de blindés que nous avons, mais un problème de concertation.»

Pour Henri-Paul Normandin, c’est là le dilemme de la communauté internationale. «Les autorités en place ont peu de légitimité, peu de volonté politique d’aller dans la bonne direction » – et les résultats sont mitigés. Mais quelle est l’alternative ? Ne pas travailler avec l’État ? Car si on ne le fait pas, on tombe dans la république des ONG…»

Dans ce contexte, que peut faire la diaspora haïtienne qui envoie des milliards de dollars en transferts chaque année ? Elle doit « continuer d’aider les gens qu’elle connaît » car « c’est une bouée de sauvetage », selon Rachèle Magloire.

En fait, selon elle, « dans les circonstances actuelles, il est très difficile d’avoir une initiative autre qu’individuelle ». Les apports de la société civile haïtienne sont nombreux et ont été soulignés.

L’allocution de clôture a été prononcée par Sébastien Carrière, Ambassadeur du Canada en Haïti. Pour lui, « il est inconcevable d’arrêter la coopération canadienne en espérant que cela fasse un choc ».

Le gouvernement canadien entrevoit deux pistes de solution à court terme : l’aide au renforcement de la sécurité (« tout le monde à Haïti connaît quelqu’un qui s’est fait kidnapper ») et le soutien à la politique nationale humanitaire.

L’aide étrangère ne marche pas quand il est question de crise politique interne ; la solution politique nationale viendra aussi des jeunes, des femmes.

Une courte période de questions a suivi les échanges, notamment avec la participation de Gilles Rivard, également fellow de l’IEIM et ancien ambassadeur du Canada en Haïti.

En fin de conférence, le directeur de l’IEIM, François Audet a synthétisé la teneur des échanges : « le futur doit être haïtien ». « Le Canada est là et il continuera de l’être. Mais il doit faire de bonnes choses ».

L’IEIM remercie le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF), pour son précieux soutien à l’organisation des conférences diplomatiques.

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« L’ordre mondial, tel que l’on l’a connu depuis la fin de la guerre froide, est complètement bousculé avec des rivalités exacerbées entre les grandes puissances et des impérialismes démesurés. »

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