« Mon président, on dit quoi ? » : le resserrement autoritaire en Côte d’Ivoire

Par Maxime Ricard
Bulletin du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Vol. 5 no 9

Pour lire le bulletin

  • À la suite du décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le président Alassane Ouattara décidait de concourir pour un controversé troisième mandat. Il y aurait eu près d'une centaine de morts lors de manifestations entre août et novembre 2020 selon certaines estimations.
  • Tandis que l’alliance politique qu’il avait construite se délite, le président fait face à une contestation grandissante produisant un véritable blocage politique, recourant crescendo à la coercition contre l'opposition politique.
  • Face à une forme de resserrement autoritaire dans le contexte de ce troisième mandat suite à l'élection du 31 octobre 2020, la question centrale est celle de la légitimité de son pouvoir, source de fortes tensions sociopolitiques.
  • Construite sur une rupture politique, celle de la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, l'expérience ivoirienne « post-conflit » illustre les véritables enjeux de la consolidation de la paix contemporaine, focalisée sur la « stabilité » soutenue par les acteurs internationaux, dont la durabilité est pour le moins douteuse.
  • Depuis 2011, les élites politiques au pouvoir cherchent à coopter via la carotte et le bâton d’éventuels opposants, grâce aux immenses ressources à leur disposition. Si la « politique du ventre » ne fonctionne pas, la « chicotte » prend le relais. Ces modalités du pouvoir demeurent ainsi centrales en Côte d'Ivoire, entre négociations et tensions.
  • Il est bien possible que le régime Ouattara cherche à faire baisser la pression après l’élection présidentielle. Mais les problèmes profonds ne sont toujours pas résolus, pour un régime politique qui s’enfonce dans une logique d’« autocratie électorale » de plus en plus risquée.

Également dans ce bulletin, section décryptage : " Les convocations (in)appropriées de Dieu en période électorale en Côte d’Ivoire " par Guibléhon Bony et Grodji Kouamé Félix

Novembre 2020
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