Éthiopie : élections en temps de guerre

Par Sonia Le Gouriellec
Bulletin du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Vol. 6 no 7

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L’arrivée au pouvoir du premier ministre Abiy Ahmed en 2018 a suscité un espoir de changement structurel. Il a entamé de nombreuses réformes et a également obtenu un prix Nobel de la paix en 2019.

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) n’a pas accepté de perdre le pouvoir et ses privilèges lors de l’arrivée au pouvoir d’Abiy. Ce dernier a été vite confronté à l’opposition idéologique concernant la forme que doit prendre l’État éthiopien et le partage du pouvoir.

Le dialogue politique entre les autorités centrales et les élites tigréennes a été rompu en 2020. Les élites du TPLF ont voulu mener leurs propres élections régionales; celles-ci se sont tenues en septembre 2020. Le conflit militaire a éclaté le 4 novembre 2020. En juin 2021, les élections se sont déroulées dans sept régions sur dix, sans qu’une partie de la population puisse y participer.

Bien que le scrutin a été annoncé comme le plus démocratique que le pays ait jusqu’alors connu, ces élections ont été peu compétitives. Elles ont exacerbé le conflit en polarisant davantage la scène politique.

La solution militaire reste privilégiée à la solution politique par toutes les parties du conflit. Cela met en péril des milliers de vies, tout autant que l’État lui-même puisque c’est le fédéralisme ethnique qui est ainsi remis en question. Certains observateurs s'inquiètent que l’État se disloque.

Septembre 2021
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