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Les Canadiens moins complotistes que d'autres, selon une étude

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Manif devant le Parlement de Québec. Tous unis contre: le 5G, la vaccination, les médias, le confinement, etc.

Photo : Radio-Canada / Daniel Coulombe

Moins de Canadiens adhéreraient aux théories du complot que les Britanniques ou les Américains, selon des données compilées par une équipe de recherche de l'Université de Sherbrooke. Mais le phénomène au pays et dans la province n'en demeure pas moins préoccupant, selon les chercheurs.

Les adeptes des théories du complot sont bruyants et bien visibles depuis le début de la pandémie, surtout sur le web, et maintenant dans la rue. Partout dans le monde, des personnes se prononcent ou manifestent, remettant en question la légitimité des mesures sanitaires et accusant les gouvernements de cacher des informations sur la COVID-19.

Une équipe de l'Université de Sherbrooke a voulu comparer la circulation de ces croyances au sein de la population du Canada à celles de six autres pays, soit l'Angleterre, la Belgique, les États-Unis, les Philippines, la Suisse et la Nouvelle-Zélande.

Le plus récent coup de sonde a été réalisé en juin. D'après des résultats obtenus par Radio-Canada, lesquels doivent être dévoilés cette semaine, le Canada est parmi les pays où les théories du complot semblent avoir gagné le moins de terrain.

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

Ainsi, ils étaient environ 17,7 % de Canadiens à adhérer à des idées conspirationnistes au début de l'été. À l'opposé, les Philippins ont démontré la plus forte croyance aux théories du complot, à plus de 47 %. Suivent les Britanniques (36 %) et les Américains (35 %). Seuls les Belges auraient été moins contaminés, à 17,4 %.

Pour produire cette analyse, quelque 1500 personnes par pays ont été soumises à une série d'énoncés contenant des théories du complot. Il fallait montrer un accord avec plus de la moitié des énoncés pour être considéré complotiste.

Thèses conspirationnistes utilisées

  • Le gouvernement cache des informations concernant le coronavirus.
  • Le virus a été créé intentionnellement en laboratoire.
  • Le virus a, en réalité, été créé par accident en laboratoire.
  • L’industrie pharmaceutique est impliquée dans la propagation du virus.
  • Le virus est, en fait, lié à la technologie 5G.

Question de confiance

Marie-Ève Carignan, professeure du Département de communication à l'Université de Sherbrooke et cochercheuse dans ce projet, observe un lien entre la confiance des populations envers leurs autorités et les résultats du sondage.

Le Canada est un des pays où on a le plus confiance aux autorités politiques et aux autorités de santé publique, dit-elle. Là où les proportions d'adhésion aux idées conspirationnistes sont les plus élevées sont aussi les endroits où la confiance envers les institutions est la plus faible. Les gens qui se méfient des autorités, des experts, vont aller chercher des réponses alternatives.

Cette méfiance, selon Mme Carignan, proviendrait principalement d'une méconnaissance du fonctionnement de la science et des médias d'information.

À environ 17 %, le taux d'adhésion au Canada est similaire à celui observé en avril, ajoute Mme Carignan. Son impression est que les théories du complot ont rapidement émergé et été assimilées par un certain nombre de Canadiens dès le début de la crise. La tendance s'est ensuite maintenue, du moins jusqu'en juin.

Même si c'est préoccupant ici, quand on se compare on se console, comme on dit, parce que c'est pire ailleurs.

Une citation de Marie-Ève Carignan, professeure au Département de communication, Université de Sherbrooke

Reste maintenant à savoir si l'obligation de porter le couvre-visage dans certains lieux, qui a fait son chemin au cours de l'été dans certaines provinces, dont le Québec, aura changé la donne.

Il est tout à fait possible que la montée des mouvements antimasques et la fatigue liée à la durée de la pandémie aient participé à faire augmenter la méfiance envers les autorités, anticipe la professeure. Une nouvelle récolte de données est prévue cet automne par l'équipe de l'Université de Sherbrooke et permettra de le vérifier.

Ces résultats s'ajoutent par ailleurs à ceux d'un sondage mené auprès de 1000 Québécois par l'Institut national de santé publique du Québec, du 31 mars au 31 mai. Selon les données dévoilées début août, 23 % des répondants disaient croire que le virus causant la COVID-19 avait été créé en laboratoire.

Une foule de personnes, sans masque, manifeste. Un homme tient une pancarte où l'on peut lire : Non au masque obligatoire.

Des manifestants dans les rues de Montréal s'opposent au port du masque, à la vaccination et au réseau 5G.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Les jeunes sous la loupe

L'équipe de l'Université de Sherbrooke a aussi constaté, lors d'autres travaux, que les jeunes sont les plus susceptibles d'adhérer aux thèses conspirationnistes. La situation nous préoccupe particulièrement, exprime Marie-Ève Carignan.

La chercheuse rappelle que nombre d'entre eux sont demeurés confinés à la maison pendant six mois avant de retourner à l'école à la rentrée d'automne.

L'équipe de recherche craint que plusieurs jeunes aient été exposés à des théories conspirationnistes en ligne. Il y avait un lien fort et clair en avril dans nos données entre la présence sur les réseaux sociaux et l'adhésion aux thèses complotistes, souligne-t-elle.

Selon un rapport du Centre d'études sur les médias paru en février 2020, et dont les données ont été récoltées avant la pandémie, les 18-34 ans représentaient la tranche d'âge ayant le moins confiance aux médias d'information en général.

Ils font moins confiance aux médias d'information et sont plus critiques vis-à-vis du travail des journalistes. Grands consommateurs de médias sociaux, ils leur font aussi davantage confiance que leurs aînés, pouvait-on lire dans le rapport.

Un groupe d'adolescents assis à l'extérieur regardent leurs téléphones cellulaires.

Une nouvelle étude à laquelle participera Marie-Ève Carignan s'intéressera particulièrement à l'adhésion des jeunes aux théories du complot.

Photo : iStock

Marie-Ève Carignan s'intéresse particulièrement à leur cas et veut en savoir davantage. Membre de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents, elle a récemment obtenu du financement du gouvernement québécois pour un nouveau projet d'étude.

On voudra justement aller mesurer l'adhésion aux thèses complotistes chez les 13-17 ans, dit-elle. Jusqu'ici, les travaux de recherche ont surtout porté sur la tranche des 18-34 ans. Est-ce que des jeunes arrivent à l'école cet automne avec une vision complètement brouillée de la pandémie?, demande-t-elle notamment.

L'efficacité des campagnes de communication mises sur pied par le gouvernement pour rejoindre les plus jeunes, sur les réseaux sociaux et ailleurs, sera aussi évaluée.

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