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Retour sur la table ronde « 5 défis de la politique internationale canadienne »

L’événement a eu lieu le 23 septembre 2021, 27 septembre 2021

Le 23 septembre 2021, l’IEIM a organisé une table ronde, en mode hybride, autour des « 5 défis de la politique internationale canadienne ». Après les élections fédérales du 20 septembre dernier, l’événement animé par Patrick White, professeur à l’École des médias de l’UQAM, a été l’occasion de mettre en lumière les contributions des unités membres de l’Institut, sur différents défis de la politique étrangère canadienne.

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Magda Fusaro, rectrice de l’UQAM, a ouvert la discussion et salué les chercheur.e.s, « ambassadeurs et ambassadrices de notre institution », qui participent au rayonnement de l’UQAM sur la scène internationale.
«L’Institut soutient et renforce l’internationalisation de nos pratiques, de nos formations. Grâce à la multiplication des échanges, dans une optique de mobilisation du savoir et des connaissances, ce n’est pas que le secteur de la recherche qui en sort gagnant, ce n’est pas non plus que l’UQAM qui en tire profit, mais c’est bel et bien toute la société qui en bénéficie.»

Après un mot de bienvenue de François Audet, directeur de l’IEIM, le modérateur a ouvert la discussion avec les cinq panélistes, qui ont chacun présenté un état des lieux et livré leurs principales recommandations au gouvernement canadien sur les différents enjeux abordés.

Benoît Barbeau, virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, a ouvert les échanges. Trop « confiant » sur le SARS-COV-2, le Canada s’est « trompé » et s’est révélé « très peu armé pour faire face à la pandémie », manquant de préparation, d’équipements de protection, et de bonnes capacités de dépistage. Dépendant à l’endroit des pays producteurs de doses vaccinales, le pays a rencontré des difficultés à s’assurer de leur disponibilité continue. Si le problème date d’il y a plusieurs décennies, la production de vaccins à ARN sur le territoire national, a très peu fait l’objet de débats pendant la campagne – captée par l’opposition entre pro et anti-vaccins. La contribution canadienne au COVAX, donc au partage de doses vaccinales, n’a pas non plus été débattue. Pour Benoît Barbeau, le gouvernement canadien devrait être plus inclusif quant aux vaccins acceptés sur son territoire, mais aussi s’engager dans la coopération internationale. En territoire canadien, Barbeau le rappelle : on n’est « pas sortis du bois » : «Ce virus change, nous devons changer également dans notre façon de combattre le virus».

À la frontière sud du pays : le Canada « prend pour acquis la relation avec les États-Unis », a rappelé Frédérick Gagnon, professeur au Département de science politique de l’UQAM, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques. Pendant la dernière campagne, « nos voisins américains parlaient plus de nous que l’on parlait d’eux ! […] Obama a appuyé Trudeau, Sanders a appuyé Singh… ». Pourtant, une foule d’enjeux aurait pu être mise en discussion, à commencer par l’ouverture de la frontière qui a des impacts sur le tourisme, la recherche, la vie privée des personnes. « Est-ce que c’est le signe que l’influence du Canada aux États-Unis a diminué ? – peut-être un legs de la présidence Trump? ». Même question concernant le nationalisme économique prôné par Biden : quelles conséquences pour l’accès des entreprises canadienne ? Quid de l’alliance de sécurité (AUKUS) conclue entre l’Australie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – dont le Canada est explicitement exclu ? « Il y a beaucoup à faire pour rebâtir la relation avec les États-Unis ». Donnant l’exemple de l’entente entre le Québec et l’État de New York sur l’export d’hydroélectricité : «dans la complémentarité, la relance économique peut être nord-américaine et pas seulement américaine.»

Pour Maya Jegen, professeure au Département de science politique et vice-doyenne à la recherche de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM, la question climatique a bien fait partie intégrale de la campagne électorale, mais « ce n’est pas la question qui détermine le vote » : « pour 80% [de l’opinion publique], il y a des priorités plus importantes que le changement climatique ». La question environnementale a été peu discutée – en partie aussi parce qu’elle touche à des niveaux de compétence provinciale, comme l’agriculture, les transports et l’énergie… En matière climatique, la politique internationale du Canada va être marquée par les négociations de la COP26 en novembre, où le Canada – l’un des plus gros émetteurs au monde – devrait arriver avec une cible révisée de réduction des gaz à effet de serre, de 40 à 45% de réduction des émissions d’ici à 2030. « On sait qu’il y a urgence d’agir, qu’il faut des actions un peu plus radicales ». Ce qui manque ? « De la volonté politique ».

Même constat pour Justin Massie, professeur au Département de science politique de l’UQAM et co-directeur du Réseau d’analyse stratégique (RAS) : la politique de défense n’intéresse pas les électeurs, et les chefs n’en ont pas non plus fait une priorité. La question afghane s’est imposée « par la force des choses », du fait du retrait des troupes américaines. La Chine a été abordée mais surtout dans le débat en anglais – sous l’angle de la reconnaissance du génocide des Ouïghours. « Le Canada est un trop petit joueur pour faire face à la Chine seul », il doit « aller chercher l’appui d’autres démocraties internationales pour faire pression avec le multilatéralisme ». Qu’attendre du nouveau gouvernement ? « Back to the future » principalement, c’est-à-dire un gouvernement « attentiste », « qui reporte les grandes décisions », et qui poursuit en douceur, sans regard public, « les plus grands investissements en dépenses militaires depuis des décennies ». Les partis d’opposition, avec un gouvernement minoritaire, pourraient mettre comme « condition » de leur soutien politique, leurs exigences à l’international.

Ndeye Dieynaba Ndiaye, professeure au Département des sciences juridiques de l’UQAM et directrice de l’Observatoire sur les migrations internationales, les réfugiés, les apatrides et l’asile (OMIRAS) a notamment insisté sur les contradictions de la politique étrangère canadienne. De fait, le Canada est pris entre une ligne sécuritaire, l’externalisation de sa politique migratoire vers les pays d’origine et ses engagements en matière humanitaire – même si « c’est de plus en plus la ligne sécuritaire qui est privilégiée ». « Lorsqu’il s’agit d’interpeller des gens en territoire africain, pour les renvoyer dans leur propre pays, ça porte atteinte à certains droits fondamentaux… notamment le principe de non-refoulement ». Que recommande-t-elle ? « On devrait avoir une politique beaucoup plus uniformisée ». Il faudrait aussi penser une politique « décennale », à plus « long terme » en matière migratoire. Elle rappelle aussi qu’un protocole entre les différents acteurs serait nécessaire en amont de l’éclatement des conflits, tout comme un renouvellement de la politique de coopération Canada-Afrique. « Aucune frontière n’a empêché les gens de quitter leur pays, si ces personnes là sont dans le besoin de partir ».

L’IEIM remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué au succès de cet événement !

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Ma collaboration avec l’IEIM s’inscrit directement dans le souci que j’ai toujours eu de livrer au public une information pertinente et de haute qualité. Elle s’inscrit également au regard de la richesse des travaux de ses membres et de son réel engagement à diffuser, auprès de la population, des connaissances susceptibles de l’aider à mieux comprendre les grands enjeux internationaux d’aujourd’hui. Par mon engagement direct dans ses activités publiques depuis 2010, j’espère contribuer à son essor, et je suis fier de m’associer à une équipe aussi dynamique et impliquée que celle de l’Institut.

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« L’ordre mondial, tel que l’on l’a connu depuis la fin de la guerre froide, est complètement bousculé avec des rivalités exacerbées entre les grandes puissances et des impérialismes démesurés. »

– Bernard Derome

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